Chapitre 7 : La délinquance ne cesse d'augmenter, 2014 (Crime, Justice et Lieux commun, une introduction à la criminologie)

"La délinquance ne cesse d'augmenter", est-ce vrai ou faux ?
Cette communication sur des faits singuliers, additionnés dans notre mémoire et stimulant notre préoccupation, donne l'impression que quelque chose change, qui s'exprime souvent sur une échelle quantitative: un phénomène inquiétant augnente augmente. Mais quel est cet objet dont le volume augmente : est-ce la délinquance elle-même ou notre préoccupation, notre inquiétude? Et quel que soit l'objet de cette augmentation, comment peut-on le mesurer ? 

Pourquoi mesurer le taux de la délinquance ?
: 1) objectiver une impression imprécise 2) planifier une politique adaptée

Si ces deux objectifs peuvent être reconnus comme légitimes, il s'avère assez souvent que les chiffres relatifs à la délinquance (à son augmentation ou à sa diminution) rapportés par les médias servent des fins électorales, mercantiles ou managériales diverses: diffuser un discours populiste et alarmiste proposant des réformes en vue de durcir la répression, justifier l'action d'un ministre de l'intérieur ou de la justice, servir son bilan, mesurer l'effet d'une politique locale de prévention (en espérant que la délinquance visée diminue), faire vendre des dispositifs de protection des biens ou des personnes.

A l'inverse, on constatera également que la manifestation d'un souci pour la délinquance et son ampleur contribue parfois à resserrer les liens sociaux = inquiétude partagée, discussion et échanges entre citoyens informés, souci pour la vie collective.

  Mesurer la criminalité par des données chiffrées = évaluer la performance des services de police de et de justice, justifier le maintien et l'augmentation des moyens affectés à l'organisation.
= Instrumentalisation de la criminalité (par l'argument des données chiffrées et concrètes = semblant de fiabilité, production d'une confiance par la preuve de données chiffrées)

Les statistiques policières de criminalité :
Soutien la culture du résultat par un le bilan exposé au public et la fondation de conclusions.
Lié à la gestion et à l'évaluation des services statistiques par la récolte des objectifs de la "flicardise."

Selon eux, les "nouvelles tendances de la criminalité" peuvent être détectées par l'outil des données statistiques, mais interroge sur la réflection des nouvelles orientations de la politique de sécurité.

Usage des chiffres aboutissent à 2 conclusions :
1) la délinquance diminue et on pourra se satisfaire de la politique choisie (même si c'est une politique de diminution du personnel susceptible de produire les enregistrements nécessaires à la mesure < objective > de la délinquance)
2) la délinquance augmente et cela justifiera, par exemple, une augmentation éventuelle des moyens dévolus à son contrôle, une augmentation des peines que l'on associe à des apparemment « en progression », ce qui permet ts app aux autorités politiques de témoigner de leur préoccupation pour le phénomène dont la hausse est évidemment inquiétante. 

De quelles mesures dispose-t-on pour accréditer une impression? 

Les différentes institutions qui produisent des données chiffrées désignent des réalités différentes, et empruntent des règles de calcul différentes.
La construction de ces statistiques poursuivent des objectifs politiques selon les entreprises/institutions que celui de mesurer la criminalité.

Les chiffres constatés représentent l'activité des administrations.
Le nombre de détenus dans une prison ne représente pas la criminalité mais représente la pénalité, l'activité du système pénitentiaire. L'emprisonnement est le résultat de décisions diverses prises à chaque niveau du processus répressif.
Le nombre de condamnations est un mauvais indicateur de la délinquance.
Les procès-verbaux aux fins de constater et d'enregistrer une infraction constitue le "moins mauvais indicateur" administratif.

Indicateur, informe sur la tolérance ou l'intolérance d'une société et des décideurs politiques et judiciaires : 
- Quelles sont les priorités politiques en matière de délinquance? 
- À quels phénomènes les professionnels de justice accordent-ils de l'importance, lesquels choisissent-ils de traiter, de poursuivre, de condamner ?

Précautions par rapport aux données policières : information non-significative, le chiffre total de la criminalité subit de nombreuses variations concernant les lois

La délinquance comme un agglomérat hétéroclites d'actions, de situations, de procédures

La constatation et l'enregistrement sont de toute façon limités par la capacité disponible au sein des services de police qui n'ont pas comme objectif à atteindre de produire le plus de procès-verbaux possibles.

Comment mesure-t-on les phénomènes délinquants? 
Si l'on peut estimer la fraude fiscale en millions d'euros, le nombre d'homicides s'évalue en additionnant les cadavres. Ces deux exemples simples permettent de comprendre combien il importe de distinguer les unités de compte. 
Distinguer rigoureusement différents types d'actes et différents types de situations dans lesquels ces actes sont commis. ( Comment va-t-on décider si les homicides cides augmentent augmemen ? En comptant le nombre de victimes ou en comptant le nombre de situations différentes? )

Une augmentation suppose une comparaison 
Dans le domaine de la criminalité, si l'on veut se faire une image de l'évolution de certains phénomènes, la dimension temporelle de la comparaison est particulièrement décisive. 

L'artefact législatif :
Le fait d'interdire un comportement ou de le déterminer comme non-criminel, de le dépenaliser (modifications législatives) a pour conséquence d'augmenter ou de réduire la criminalité dans les statistiques.
Les chiffres traduisent alors les effets de ces artéfacts législatifs et non l'augmentation ou la diminution de la délinquance en question. 

Les données enregistrées :
L'enregistrement des faits est donc dépendant de toute une série de variables 
Croissance et baisse ; intreprétations

comprendre comment l'évolution du volume d'une forme de criminalité peut être dépendante de la comparaison de chiffres relativement peu élevés, mais circonstantiellement élevés dans le passé. Un tel constat nous conduit alors à rappeler l'importance de la prise en compte de la période envisagée pour évaluer l'évolution de données chiffrée 

- La variabilité du phénomène de reportabilité : condition d'enregitrement des faits : , il revient à la victime de décider ce qu'elle fait de son expérience et il est certain que, dans de nombreux cas elle décide e ne pas rapporter l'information à la police.
les victimes décident de faire connaître leur existence ,les témoins prennent l'initiative de les signaler

Problème : 
1 )de nombreuses infractions ne font pas de victime, tel l'usage de drogues. La manière d'en avoir connaissance est donc tributaire de l'activité autonome des forces de l'ordre.
2) certaines personnes ne se reconnaissent pas précisément comme victimes de certains faits problématiques (fraude fiscale : les victimes n'ont pas conscience)
3) Enfin, à supposer que la victime adresse effectivement sa plainte, il faut encore que la police ne se montre pas dissuasive à l'égard de cette adresse ou qu'elle n'enregistre pas comme infraction un fait non reconnu 

Pratiques proactive de la flicardise : capacité d'initiative de la police :
L'attention de la police vers des faits qui ne font pas l'objet de plainte (excès de vitesse, taux excessif d'alcoolémie au volant, détention et trafic de stupéfiants, etc.). 
Les pratiques proactives de la police mobilisent alors souvent le recours à des informateurs, à des méthodes particulières de recherche (La loi belge du 6 Janvier 2003 (M.B., 12 mai 2003) relative aux méthodes particulières de recherche et quelques autres méthodes d'enquête organisent et légalisent l'observation discrète, l'infiltration, le recours à des indicateurs, les écoutes téléphoniques ou encore l'achat simulé de drogues par exemple. Ces méthodes sont susceptibles de porter atteinte aux droits fondamentaux, tels que le respect de la vie privée et le droit à un procès équitable ou le principe de loyauté. Le recours à ces technique et les résultats qu'elles produisent sont secrets, et ce secret prévaut non seulement à l'égard du justifiable, mais aussi à l'égard du tribunal qui aura à le juger.



des technologies d'enregistrement  = la politique criminelle (choix internes de la police ou suggéré par une autorité judiciaire locale ou nationale) + investissements dans les pratiques .

Le travail au noir existe mais il est impossible de le mesurer

Le chiffre noir de la délinquance, c'est-à-dire l'ensemble des faits qui, bien que contrevenant à la loi pénale, ne sont pas portés à la connaissance des instances policières ou judiciaires et qui ne font l'objet d'aucun enregistrement. 
(cet enregistrement dépend principalement d'un investissement d'acteurs dans le souci de rapporter le fait à la police )

Enquêtes : auto-rapportée et victimmisation.
apportent de sérieuses nuances aux évidence des statistiques

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Les chiffres ne parlent pas d'eux-mêmes, mais parlent plutôt des organisations et/ou des personnes qui participent à leur récolte et à leur calcul 

Ceci ne rend pas ces études quantitatives moins intéressantes, mais exige une grande vigilance dans leur interprétation